Le cadre du lien
Si l'on devait nommer une structure qui permet une évolution a partir d'experientations physiques et/ou émotionnelles, d'approches pratiques et/ou techniques et qui cherche une progression permanente vers un niveau d'excellence, on parlerait sans doute de "cadre formateur". Ainsi, la relation BDSM n'échappe pas à la règle. La personne dominante qui se doit d'offrir ce cadre pour permettre l'épanoussement de la personne soumise. Il n'existe pas un cadre, mais des cadres qui correspondent a chaque individualité et borner des limites même qui découlent du lien, des pratiques et du niveau d'expérimentation ou d'expertise. Le cadre est un lieu de mouvement, dans une espace lui même en mouvement ... un peu comme la lune qui tourne autour de la terre qui tourne autour du soleil qui se déplace dans la galaxie ... Alors qu'est ce que le cadre?
Cadrer, est-ce le fait d’encadrer dans le sens de limiter ? Poser le cadre peut alors s’entendre comme poser des limites et des repères pour séparer des territoires, des interactions ou des agissements .... il permet de définir des frontières. Le cadre-frontière est un espace particulier avec un fonctionnement qui n’est pas celui du monde extérieur, avec des règles et des habitudes qui lui sont propres. Il évite que le monde extérieur, avec ses approches culpabilisantes et ses passions, n’envahisse la bulle et empêche les ingérences qui pourraient mettre en péril le lien. Il tente de garantir un espace de libération et de sécurité.
Cadrer, est-ce le fait d’encadrer dans le sens de diriger ? non car cela est clair dès le départ, la personne dominante dirige.
Néanmoins il est une notion qui échappe à la personne soumise, elle ne choisit pas le cadre initial (ne connaissant pas vraiment sa dimension et son périmètres) et ne perçoit sans doute pas que sa propre démarche et progression sera l'élément qui le modifie le plus, le plus vite et le plus durablement. Même si la personne dominante propose la pièce de théâtre et parfois les décors, elle ne peut en connaître a l'avance la mise en scène. Chacun apporte des couleurs, des contours et des réactions non programmées, évolutives et sa part aux jeux. De plus, l'alchimie des "acteurs" influence elle aussi par les inter-actions qui découlent et l'impactent elles aussi.
Ainsi, le cadre se crée, évolue, se développe, puis grandit ... Il devient une forme structurante qui supporte la relation et le lien. On peut comprendre alors la bascule qui s'opère avec, au départ, un cadre (qui peut être défini comme mineur) 100% a l'initiative de la personne dominante qui, peu à peu, évolue vers un cadre plus vaste incluant les besoins et envies, les nécessités et les valeurs de la personne soumise. Le cadre d'évolution varie donc aussi en fonction des individualités des personnes soumises et du lien avec la personne dominante. La question est donc plus celle de l'équilibre qui doit laisser la personne dominante dans ces prérogatives, tout en laissant place a l'ouverture de celles de la personne soumise. Un cadre ne peut être ni trop rigide , ni trop laxiste... chacun n'y trouvant pas son compte.
Le cadre ne doit pas être un espace d'enfermement ou de dépersonnalisation. Quelque soit le niveau et la volonté des partenaires, le cadre reste l'espace de jeux et d'épanouissement. Aucune versatilité dans ce domaine, en effet le cadre est un support et un socle important de la relation, le faire changer sans cesse est signe d'echec ou de non connaissance du chemin a parcourir. Les évolutions doivent être motivées et expliquées pour que la personne soumise ne perde pas ces repères, ceux la même que le cadre lui offre et qui rende son don argumenté et compris.