LA TYRANNIE DE L'IGNORANCE
MECONNAISSANCE
Même si on possède un penchant naturel ou une prédestination à la domination, on ne devient pas "émules" des pratiques BDSM en quelques heures et/ou en regardant des images et/ou en lisant des textes. En général, il en va comme pour l'éducation ou pour le monde du travail, la pratique et la théorie passent par l'apprentissage et la réalisation (formation). Or s'il est un domaine ou la formation est inexistante de par le manque de structure, le peu de volonté des adeptes, la méconnaissance des enjeux et des risques et le narcissisme des futurs dominants (ils n'en voient pas l'intérêt), c'est bien le BDSM. On peut quand même souligner la volonté de certain(e)s et la création de lieux de discutions et de démonstrations techniques mises à la portée de ceux qui le désirent, même si cela reste, souvent, avant tout une démarche commerciale et payante. Soirée Shibari, après-midi démonstratifs et explicatifs, cassettes et tutoriels, livres et outils divers... sont, la encore, à la disposition des plus curieux ou des plus sérieux... Néanmoins, ces informations et les possibilités d'apprentissage concret restent rares et uniquement orientées vers les techniques. Mais, combien de personnes dominantes ont cette démarche? Combien ont une véritable interrogation avant de se mettre en quête de leur(s) partenaires?
Les risques d'abus par méconnaissance ou par négligence sont alors nombreux et les premier(e)s partenaires de jeux font parfois office de "cobaye" dans la propre expérimentation des envies de la personne dominante qui ne sait pas encore canaliser ou maîtriser ces envies, ni prendre conscience des dégâts psychologiques ou physiques qu'elles peuvent induire sans même le savoir. Chaque personne dominante n'a t il pas été alchimiste, apprenti sorcier et "abuseur" (plus ou moins, peu ou plus,...) dans ces premiers pas vers sa quête de confiance en soi et dans la découverte des influences sur l'autre ? L'attente du (ou de la) partenaire souvent longtemps recherché, l'envie de sentir son "pouvoir" sur l'autre et la "fausse facilité" de contrôle de l'autre qu'offre le BDSM, mène à des actes et des mises en situation souvent trop rapides et trop intenses. Comme si le fait que la personne souhaitant se soumettre, accepte l'autorité, dédouanait l'autorité de toutes responsabilités vers elle. A quand un Kamasutra de techniques et des révélations des modalités de l'amour BDSM ? A quand un outils pédagogique de compréhension des influences et impacts des jeux ? Il faudrait sans doute dans la préface, expliquer à beaucoup de personnes que les jeux "extrêmes" (perception variable s'il en est) ne sont pas un commencement mais l'aboutissement d'une démarche de construction qui commence par des jeux simples et progressifs. Il faudrait encore expliquer ou rappeler que l'influence d'un être sur un autre n'est jamais dénuée de conséquences visibles ou invisibles. Il faudrait surtout expliquer les risques d'une telle influence pour ceux qui ne savent pas ou plus en discerner les contours. Mais, voila bien une utopie ... dans un domaine ou rien n'est vérité absolue et ou les sensations et émotions personnelles démultiplient l'acception du mot ... ressenti.