PARADOXE
A Laïka
INFAILLIBLE
La personne dominante est, souvent, perçue par la personne soumise comme un "acteur infaillible" dans la gestion, la réalisation et l'évolution de la relation BDSM. Ceci semble naturel si l'on se réfère à l'envie de s'en remettre à l'autre et au transfert de pouvoir que la personne soumise lui octroie, et si l'on comprend la nécessité de se voir "guidé" par l'autre et par l'autorité accordée. Ainsi, certain(e)s placent "la personne qui dirige" sur un piédestal, ou la métamorphosent en une sorte de demi Dieu (ou demi Déesse) emplie de sagesse et de perfection... un aveuglement et une exagération qui n'a de limite que le narcissisme et la modestie de l'autre. Car si, bien sur, un sentiment de reconnaissance et de vénération (plus ou moins prononcé) pour l'implication du partenaire et pour ce qu'il apporte (qu'aucun autre n'a su donner) semblent légitimes, il ne faut pas sombrer dans une idéalisation aveugle et absurde (rêves de quelques tyrans égocentriques ... ) N'oublions jamais que la personne dominante n'existe que par et travers l'autre ...
Cette perception "idolâtrique" (très répandue et cultivée par beaucoup...) place la personne dominante devant un dilemme et un paradoxe : admettre ses erreurs et démontrer sa faillibilité et sa vulnérabilité, ou persister et avouer son incapacité à raisonner et a se remettre en cause... De plus, elle aura le sentiment que dans les deux cas, il en va de la perte de sa crédibilité ... Pourtant, le choix semble une évidence. La perfection n'existe pas. "Pauvres dominant(e)s" que nous sommes, nous n'échappons pas à la règle. La communication et l'échange entre les deux partenaires restent le meilleur moyen d'appréhender les dérives et les erreurs, de les admettre et de faire les choix qui conviennent. Ainsi, pendant une séance, une réalisation ou un acte ordonné, comment ne pas "craquer" devant le sourire moqueur, taquin et pétillant de la personne soumise qui comprend et découvre la faille...? Comment ne pas fondre ou rester de marbre devant l'incompréhension ou la révolte de celle qui s'offre à vous ? L'aveuglement de l'autorité ne serait que tyrannie... S'obstiner ne serre a rien, le jusqu'au-boutisme une erreur... Mieux vaut avorter une séance pour la rendre câline et compréhension, ardente ou explicative, douceur et tendresse ... la soumission n'est pas un supplice, mais un délice sans cesse renouvelé.
Nous avons bien plus souvent tort que nous ne le pensons ... Les personnes soumises nous accordent et nous autorisent la flânerie dans l'erreur pour ne pas créer le dilemme et la dualité qu'elles savent être le pire des moments pour nous. Dans ma solitude dominante ( ...), ... le regard, les larmes ou le sourire de ma "chipie" sont des armes contre lesquels je ne peux lutter... et qui détruisent, comme par magie, toute rigidité ou assurance surfaite... je suis persuadé que c'est une force et non une faiblesse...